TORONTO, 7 mars 2023 – La thérapie cognitivo comportementale culturellement adaptée (TCCCA) est un traitement efficace pour les personnes d’origine sud asiatique aux prises avec la dépression et l’anxiété, et mérite d’être adoptée à l’échelle du Canada.
C’est la principale conclusion du rapport de l’étude de recherche La thérapie cognitivo-comportementale culturellement adaptée pour les Canadiens d’origine sud-asiatique, publié aujourd’hui par le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) de concert avec la Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) et des partenaires communautaires de tout le pays. Le rapport s’accompagne de matériel de formation con?u pour les professionnels en santé mentale de tous les milieux sur les moyens d’offrir la TCCCA aux personnes d’origine sud asiatique, ainsi que de renseignements supplémentaires pour patients et professionnels.
Le Canada compte 2,6 millions de personnes d’origine sud asiatique, soit 7 % de sa population totale. Ce groupe racialisé, le plus important du pays, affiche les taux les plus élevés d’anxiété et de troubles de l’humeur. Ses membres ont également 85 pour cent moins de chances de rechercher un traitement, en raison de facteurs multiples, notamment les écarts socioéconomiques, les différences culturelles et les préjugés entourant la maladie mentale.
Pour traiter la dépression et l’anxiété, de nombreux thérapeutes ont recours à la thérapie cognitivo comportementale (TCC), une psychothérapie fondée sur des données probantes qui met l’accent sur la modification des pensées et des croyances négatives. Or, la TCC ayant été mise au point dans un contexte occidental blanc, elle s’avère moins efficace pour les patients d’autres origines ethniques. En 2019, le Centre de toxicomanie et de santé mentale a obtenu un financement du Programme de contributions pour les politiques en matière de soins de santé de Santé Canada afin d’élaborer, de mettre à l’essai et d’évaluer de nouveaux soutiens à l’intention des populations d’origine sud asiatique au Canada. Dans le cadre de ce projet, CAMH a également collaboré étroitement avec ses partenaires, notamment la CSMC, Moving Forward Family Services (Vancouver), le Centre de santé des nouveaux arrivants d’Ottawa (Ottawa) et Punjabi Community Health Services (région du Grand Toronto).
? La TCC est la forme la plus populaire de thérapie fondée sur des données probantes ?, explique le Dr Farooq Naeem, chercheur principal et clinicien-chercheur de l’Institut de recherche en santé mentale de la famille Campbell, à CAMH. ? La TCC adaptée tient compte des particularités culturelles grace à certaines modifications permettant une meilleure intégration des croyances, de la langue et du contexte culturel de chaque patient. L’étude a révélé que la TCCCA donne de meilleurs résultats et que la communauté sud asiatique est plus susceptible d’accepter cette dernière que la TCC traditionnelle. ?
Dans le cadre de l’étude, les chercheurs ont d’abord interviewé des membres de la communauté (y compris ceux ayant un diagnostic de dépression et d’anxiété, les membres de leur famille et leurs proches aidants, leurs chefs communautaires et autres) afin de mieux comprendre leurs croyances, leurs expériences et leurs opinions à l’égard de la santé mentale, de la maladie mentale et des traitements connexes. Les données recueillies ont ensuite servi à l’élaboration d’un protocole de TCC et d’un manuel de formation adaptés aux différences culturelles à l’intention des thérapeutes. Pour la mise à l’essai, on a choisi, de manière aléatoire, 146 participants d’origine sud asiatique, qui ont chacun suivi de huit à 12 séances de TCC non adaptée ou de TCCCA, et on a formé 29 thérapeutes de diverses origines ethniques, qui ont donné ensuite leur rétroaction.
Lorsqu’ils se sont auto évalués, les participants ayant suivi une TCCCA ont signalé moins de sympt?mes de maladie mentale et une meilleure santé globale que ceux ayant suivi une TCC non adaptée. Chez le groupe de TCCCA, on a également enregistré une diminution considérable du nombre de consultations auprès de psychiatres, de psychologues ou d’autres médecins pour un motif lié à la santé mentale, ce qui donne à penser qu’en étendant ce modèle thérapeutique à l’échelle du Canada, il serait possible de réduire les pressions exercées sur le système de soins de santé. L’équipe de recherche prépare actuellement une demande de financement gouvernemental pour pouvoir élaborer un programme national de formation de cliniciens en TCCCA, à partir des séances de formation de l’étude.
? Une des le?ons à tirer de la recherche et de la formation sur la TCCCA appliquée à la population sud asiatique – et, éventuellement, à la population originaire des Cara?bes, avec l’appui du Bureau de l’équité en santé de CAMH – est la suivante : dans un pays aussi diversifié que le Canada, les thérapeutes ne peuvent plus se permettre de recourir à de simples traitements uniformisés ?, souligne le Dr Kwame McKenzie, co chercheur principal et directeur du Bureau de l’équité en santé. ? Il nous faut des interventions adaptées aux différents groupes. L’équité en matière de santé mentale exige une souplesse thérapeutique. ?
Les auteurs de l’étude font remarquer par ailleurs que la TCCCA peut également être administrée par des thérapeutes ayant une origine culturelle autre que celle de leurs patients. Ainsi, une des participantes à l’étude, qui avait déjà tenté, en vain, une thérapie au Pakistan, son pays natal, a trouvé si bénéfique la TCCCA administrée par une thérapeute qui n’était pas d’origine sud asiatique, qu’après l’étude, elle a continué son traitement avec la même personne.
? Déjà un pionnier dans le domaine, CAMH est désormais un chef de file national et mondial de l’étude et de l’application de la TCCCA à diverses populations ?, ajoute le Dr Naeem. ? Le Canada, un pays d’une grande diversité culturelle, se trouve confronté à une crise de santé mentale. Il lui faut des options thérapeutiques qui puissent reconna?tre l’importance des valeurs culturelles, des croyances et du vécu de chaque personne. Nous sommes fiers de pouvoir désormais offrir des soins de santé mentale éprouvés et efficaces qui auront un impact réel dans la vie de millions de Canadiens. ?
AUTRES CITATIONS
? Au début de l’étude, je ne savais même pas si j’avais besoin de ce genre de thérapie. Maintenant, je suis convaincue que la TCCCA me convient bien mieux que tout ce que j’ai essayé. C’est tout un cheminement, mais je me sens davantage moi même qu’avant de commencer la TCCCA. ?
Sidra Mobin, participante à l’étude
? En tant que fille de réfugiés, j’ai toujours compris qu’il existait d’énormes lacunes dans les traitements offerts aux populations racialisées du Canada. Ma formation en TCCCA m’a ouvert les yeux sur la grande diversité des clients, ce qui m’a permis de devenir une meilleure thérapeute. Le nombre et la diversité des gens qui envisagent une thérapie ne cesse de grandir. Nous devons être prêts à les aider tous, pas seulement un seul type de client. ?
Helen Yohannes, psychothérapeute agréée
? Les résultats de cette étude mettent en évidence la valeur des soutiens à la santé mentale culturellement adaptés pour réduire la stigmatisation de la maladie mentale et les obstacles aux soins dans les communautés sud-asiatiques et d'autres communautés méritant l'équité. Alors que nous travaillons avec les provinces et les territoires pour améliorer notre système universel de soins de santé, notre gouvernement continuera à faire le nécessaire pour que toutes les personnes au Canada bénéficient des services de soutien en matière de santé mentale et de traitement des dépendances dont elles ont besoin pour assurer leur bien-être. ?
L'honorable Carolyn Bennett, C.P., députée, Ministre de la Santé mentale et des Dépendances et Ministre associée de la Santé
? Qui dit prestation de soins de santé mentale de haute qualité pour l’ensemble des Canadiens, dit soins culturellement adaptés. Les prestataires de tels soins en tirent les bienfaits tout autant que les utilisateurs. L’étude de recherche La thérapie cognitivo-comportementale culturellement adaptée (TCCca) pour les Canadiens d’origine sud-asiatique nous fournit les éléments de preuve pour alimenter le débat sur la prestation de tels soins au Canada. ?
Michel Rodrigue, président et directeur général, Commission de la santé mentale du Canada
? C’est avec plaisir que Punjabi Community Health Services (PCHS) a participé à ce projet. La participation de la communauté sud asiatique a été essentielle à l’évaluation de la TCC comme intervention pour appuyer la santé mentale, et à son adaptation culturelle pour en faire un modèle plus nuancé et mieux accepté dans notre communauté. Nous nous réjouissons de pouvoir bient?t appliquer le nouveau modèle de TCC à notre organisme. ?
Baldev Mutta, directeur général, PCHS
à PROPOS DU CENTRE DE TOXICOMANIE ET DE SANTé MENTALE
Le Centre de toxicomanie et de santé mentale (CAMH) est le plus grand h?pital d’enseignement spécialisé en santé mentale et en traitement des dépendances au Canada. L’h?pital est un centre de recherche de premier plan au monde. CAMH intègre les soins cliniques, la recherche scientifique ainsi que les activités de sensibilisation, d’élaboration de politiques et de promotion de la santé en vue de transformer la vie des personnes touchées par des problèmes de dépendance et de santé mentale. Affilié à part entière à l’Université de Toronto, CAMH est un Centre collaborateur de l’Organisation mondiale de la Santé et de l’Organisation panaméricaine de la Santé. Pour en savoir plus, visitez www.experta-spa.com/fr ou suivez @CAMHnews sur Twitter.
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